Quelles sont les origines du Manchuria Kung Fu (MKF) ?
Cet art martial traditionnel est originaire de la Mandchourie (région la plus au nord de la Chine, Manchuria en anglais) d’où il tire son nom. C’est donc un style dit « du nord ». Ses caractéristiques générales, telles que les nombreux coups de pied, en sont la preuve.
Il est complexe de reconstituer l’Histoire d’un style précis. Cependant, selon la légende, ce style s’est développé sous la dynastie Qing (1644-1911) d’origine mandchoue. Avec l’avancée de ces derniers vers le sud, le style s’est enrichi aux contacts d’autres styles Kung Fu. En effet, on retrouve dans le Manchuria kung fu des techniques inspirées de styles dits du sud (de la Chine).
Comment le Manchuria Kung Fu s’est-il diffusé ?
La première école de Manchuria Kung Fu est celle du Maître Wong à Hong-Kong vraisemblablement ouverte dans les années 1920-1930. Par la suite, l’un de ces meilleurs élèves, Maître Kalaï Achony Lee, fonde sa propre école également à Hong-Kong, où il rencontre et forme son meilleur élève : R. Shekhar, d’origine indienne. Ce dernier est alors initié aux secrets de cet art ancestral, et devient Maître de la discipline. De retour en Inde près de Madras dans le Tamil Nadu, le Maître R. Shekhar crée son école afin de diffuser à son tour le Manchuria Kung Fu.
Le Maître R. Shekhar consacrera sa vie au Kung Fu et le diffusera à travers toute l’Inde. Son travail colossal et la maîtrise profonde de son art font qu’il est considéré comme le Grand-Maître. Certains de ces élèves transmettent son enseignement dans d’autres pays comme au Népal, au Koweït, ou en Arabie Saoudite. Dans les années 80, il forme même des Français notamment P. Valabrègue (qui découvre ce style lors d’un voyage en Inde et y retournera à plusieurs reprise). Ce dernier ouvre une école à Paris dans les années 90.
C’est au sein de cette école parisienne que J. Tobo s’est formé. Il ouvre un club dans la Somme, club dans lequel le Maître Mathieu Derosière a commencé sa formation au Manchuria Kung Fu. Désirant aller au cœur du style, le Maître Derosière part en Inde pour se former auprès du Grand-Maître R. Shekhar. Après de nombreux séjours de formation auprès du Grand-Maître, le Maître Derosière a prouvé qu’il était digne de recevoir les secrets de cet art. Il devient donc l’un des meilleurs élèves du Grand-Maître. Le Maître Derosière décide de consacrer sa vie au Kung Fu. Il ouvre plusieurs clubs et forme des instructeurs afin de diffuser le Manchuria Kung Fu à travers la France.
Une étape supplémentaire est franchie le 6 septembre 2015 avec l’inauguration du centre national MKF à Beuvry dans le Nord-Pas-De-Calais (à côté de Béthune, à 45 min de Lille). Le 8 avril 2017, il ouvre une seconde école à Saint-Etienne dans la Loire.
Quelles sont les techniques enseignées dans le Manchuria Kung Fu ?
Le MKF est un style unique, de part son histoire, mais également par sa pratique. C’est un art martial riche et complet qui permet de travailler à la fois le corps et l’esprit. Il est porteur de valeurs applicables au quotidien.
Les techniques enseignées sont des techniques de défense à mains nues et avec des armes traditionnelles. Le MKF est basé sur l’apprentissage de 12 types de techniques à mains nues différents ainsi que de 35 armes traditionnelles. Non seulement, ces techniques se travaillent dans le vide pour rechercher la perfection du mouvement, mais elles ont également des applications en self-défense, en combat et sur mannequin de bois.
* les techniques animales sont souvent appelées styles animaux, afin d’éviter toute confusion avec un style de kung fu particulier qui lui-même contient des styles animaux, nous utilisons dans le texte le terme technique animale
Les techniques à mains nues – Généralités
Dans les styles de Kung Fu traditionnel, différentes techniques “animales” sont enseignées*. C’est un élément essentiel du kung fu dont le principe réside dans l’observation de la nature et tout particulièrement des animaux afin d’enrichir l’art martial. En effet, les animaux doivent se battre pour survivre, soit pour chasser une proie, soit pour éviter d’en devenir une. Le kung fu s’inspire donc des techniques de défense, d’esquives et d’attaques des animaux.
L’imitation des animaux pour l’amélioration de la condition physique et l’amélioration des techniques de défense est très ancienne et répandue en extrême Orient comme en Chine ou en Inde. Ce principe se retrouve dans de nombreux arts martiaux. Les plus anciennes traces écrites de l’observation de la nature et des animaux remontent au II-IIIe avec le traité de Hua Tao. Les premières techniques animales sont attribuées généralement aux moines Shaolin. Au cours des siècles, les pratiquants des différents styles de Kung Fu ont enrichi, développé et diffusé ces principes. De ce fait, chaque style de kung fu est constitué de différentes techniques animales qui, bien qu’ayant des similitudes, sont propres à chaque kung fu.
Les techniques à mains nues dans le MKF
Les techniques à mains nues sont principalement inspirées des comportements animaux (mais pas uniquement). Dans le MKF, on peut distinguer trois grands thèmes permettant de classer la plupart des techniques selon leurs caractéristiques principales :
- Les techniques axées sur la fluidité : on y trouve le Serpent, l’Homme Ivre, le Singe. Leurs particularités (malin, imprévisible, acrobatique) se retrouvent dans les mouvements.
- Les techniques axées sur la précision : on y trouve le Coq et la Mante Religieuse, où l’on travaille des attaques précises principalement dirigées sur des points stratégiques.
- Les techniques axées sur la puissance : on y trouve le Dragon, le Tigre, le Léopard, l’Aigle, qui eux sont rapides, puissants, stables. Ils pratiquent souvent les saisies et démontrent une certaine agressivité.
Viennent s’ajouter à ces trois grandes catégories :
- Les techniques du Bouddha (qui représente la sagesse) ;
- Les techniques de poings (dit Quans).
Chacune de ces techniques est différente : chaque animal à ses propres attitudes naturelles, ses propres stratégies d’attaque, de survie ou de défense
Les armes traditionnelles
Les armes sont indissociables de la pratique du Kung Fu. En effet, les techniques des armes enrichissent celles des techniques à main nue et vice-versa. Il y a 35 armes enseignées dans le Manchuria Kung Fu. Parmi ces 35 armes, certaines sont classiques (comme le nunchaku, le sabre, le grand bâton, l’éventail, etc), d’autres sont répandues comme la paire de boucliers, la paires de haches ou la chaîne.
Les armes sont réparties en trois groupes distincts : les armes courtes, longues et dites articulées (ou à sections).
Cette diversité apporte aux pratiquants un large éventail de possibilités.
Qu’est ce qui fait la spécificité du manchuria kung Fu
La spécificité du Manchuria Kung Fu réside dans le fait que l’ensemble de ces techniques font partie intégrante de cet art de combat : tous réunis en une seule école, ils en font un art de combat puissant, rapide, efficace, précis. La diversité des techniques pratiqués rend plus facile l’adéquation entre la morphologie du pratiquant et les techniques d’un animal particulier : par exemple, une personne mince et grande sera plus à l’aise dans les techniques axées sur la fluidité (singe, serpent, etc) alors qu’une personne robuste et trapue se retrouvera plutôt dans les techniques axées sur la puissance (dragon, tigre, etc). C’est dans ce sens que la diversité des techniques composant le Manchuria Kung Fu permet à chacun de s’épanouir selon sa morphologie et ses aspirations personnelles.
Comment reconnaître le Manchuria Kung Fu dans la pratique
En plus du fait que le Manchuria Kung Fu soit basé sur l’apprentissage de techniques à mains nues permettant de développer la fluidité, la précision et la puissance en une seule discipline, plusieurs spécificités du Manchuria Kung Fu le distinguent des autres arts martiaux dans la pratique :
- En auto-défense (ou self-defense), le Manchuria Kung Fu se distingue des techniques communes en ajoutant une dimension supplémentaire : la maîtrise de l’adversaire s’effectue avant même qu’il ne touche le sol, et non pas une fois qu’il est à terre.
- La biomécanique (ou body action) est un fondement essentiel de la pratique du Manchuria Kung Fu : la compréhension et l’application de la compréhension de la biomécanique permettent d’optimiser la puissance et l’efficacité des mouvements, en utilisant les relations existantes entre les structures et les fonctions, c’est-à-dire entre les parties du corps et les mouvements. Cette intégration de la biomécanique se retrouve visuellement dans l’expression du corps du pratiquant et la continuité de ses mouvements.
- L’adaptation à tous styles d’adversaires est une des caractéristiques importantes du Manchuria Kung Fu : on retrouve de nombreuses techniques de combats dîtes « classiques » (hors style animal), pieds poings, blocages, coups de coudes, genoux etc, et, en self-défense, les projections font partie intégrante de l’art Mandchou. Ces « fondamentaux » des arts martiaux permettent au pratiquant de MKF de s’adapter au mieux au style de son adversaire, tout en conservant des stratégies différentes propres au Manchuria Kung Fu (pratique rigide lorsque cela se justifie ou souple pour contrer un adversaire au style rigide).
Quels sont les bienfaits du Manchuria Kung Fu ?
Fondé sur des valeurs applicables dans la pratique sportive mais également dans la vie quotidienne (respect, sérénité, maîtrise de soi), le Manchuria Kung Fu est un art ancestral qui permet à tout pratiquant de s’épanouir pleinement
et à son rythme. Avec de nombreuses années de pratique, le pratiquant pourra bénéficier de bienfaits dans la vie de tous les jours (assurance, confiance en soi, adaptabilité) et pourra constater des répercussions positives sur sa
santé.
Au niveau sportif, le caractère complet du Manchuria Kung Fu donne au pratiquant la connaissance de techniques très variées lui permettant de s’adapter au mieux à toutes les situations.